Sidney Rostan – Fondateur et CEO de Bioxegy
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Nous avons eu le plaisir de recevoir Sidney Rostan, fondateur et CEO de Bioxegy qui nous a partagé sa vision du nouveau métier de biomiméticien et ses enjeux liés au monde de l’entreprise.
Biomiméticien, ça consiste en quoi ?
Le biomimétisme, ce n’est pas Bioxegy qui l’a inventé, ça existe depuis des dizaines et des dizaines d’années, sauf que nous on a un métier qui est tout à fait nouveau, qu’on appelle le métier de biomiméticien, faisant partie d’un des pionniers à l’échelle européenne et mondiale de ce domaine-là, qui consiste en fait à travailler avec des industriels, avec des départements innovation, des départements R&D d’industriels français ou européens, pour résoudre leurs défis technologiques, les défis qui sont liés à leurs produits. Ils vont nous soumettre ces défis-là, et ça peut paraître farfelu, nous on va aller regarder ce qui se passe dans le vivant, on va aller regarder des modèles biologiques, ça peut être des bactéries, ça peut être un oiseau, ça peut être un félin, on va regarder les propriétés techniques, et on va s’en inspirer pour résoudre ce défi qui nous a été soumis par l’industriel. Notre métier il consiste, ni plus ni moins, qu’à imaginer, concevoir et développer des technologies bio-inspirées, d’où le slogan « innovation by nature ».
Un exemple d’innovation inspirée par la nature ?
Pour vous donner un exemple, il y a quelques années on a travaillé avec la RATP, les transports à Paris, sur la question de l’amélioration de la qualité de l’air dans les espaces souterrains. Quand vous prenez le métro, il y a toujours une problématique de santé, qui est que les freins et les roues du métro vont venir glisser sur les rails et ça va venir libérer ce qu’on appelle des particules fines, ces particules fines il ne faut pas en respirer trop. Pour améliorer ça, la RATP nous a demandé de travailler du point de vue du biomimétisme sur des solutions qui pourraient permettre de réduire la concentration en particules fines. Qu’est-ce qu’on a fait ? On a travaillé sur les ventilateurs, qui sont des sortes de grandes turbines de 2 à 3 mètres de diamètre, qui vont venir extraire les particules fines des stations de métro et les chasser vers l’extérieur pour essayer d’améliorer cette qualité de l’air dans les métros. Nous on a amélioré le rendement de ces ventilateurs-là en allant s’inspirer, ça peut paraître farfelu, des baleines à bosse. Les baleines à bosse se sont des cétacés qui font environ 15 mètres de long et 40 tonnes et qui chassent principalement du saumon ou du hareng et donc elles doivent être particulièrement agiles dans l’eau, pour se faire elles vont avoir des nageoires tout à fait particulières avec des bosses sur le port d’attaque, qu’on appelle des tubercules. Ces tubercules permettent d’améliorer l’hydrodynamisme, plus précisément pour les connaisseurs, ça permet d’améliorer la portance et réduire la trainée. Ce qui est valable d’un point de vue hydrodynamique l’est aussi d’un point de vue aérodynamique, ce qu’on a fait, c’est qu’on a transposé le principe de tubercule sur le bord d’attaque de la nageoire des baleines à bosse, sur le bord d’attaque, c’est à dire l’avant des pales des ventilateurs. Le but est d’améliorer la puissance des ventilateurs pour chasser encore plus de particules fines mais aussi réduire la consommation de ces ventilateurs-là. On a fait quelque chose qui est contre-intuitif parce que la plupart du temps, vous avez qu’à regarder vos ventilateurs quand il fait chaud ou les hélices d’un bateau, la plupart du temps quand on conçoit une hélice dans le monde humain on va la concevoir de la façon la plus fine possible, la plus épurée possible, ce que nous a appris la baleine à bosse, c’est qu’en fait il faut faire l’extrême inverse. Nous ça nous a permis évidemment d’améliorer les capacités aérodynamiques des ventilateurs de la RATP.
Transposer le biomimétisme à la com, c’est possible ?
Le biomimétisme, c’est une vraie opportunité en matière de communication parce que c’est un monde magique, c’est un monde en fait où les histoires peuvent très bien se raconter. La première façon dont je vois la notion de communication en matière de biomimétisme, c’est avant tout chez nos clients, chez nos partenaires, quand on va créer une nouvelle technologie, un nouveau produit bio-inspiré pour eux, c’est une aubaine parce qu’ils peuvent raconter toute une histoire filée, en partant de l’espèce qui nous a inspirée pour créer cette technologie ou améliorer ce produit, raconter comment est-ce qu’on en a transposé le savoir-faire, les techniques, les mécanismes et venir, en fait, promouvoir cette technologie, promouvoir l’ingéniosité, promouvoir la sobriété de cette technologie ou de ce produit au travers du regard du biomimétisme. Donc moi je vois mes clients faire, je vois nos partenaires faire en matière de communication et je pense que c’est très magique, c’est l’occasion aussi de retisser le lien aux vivants, retisser le lien en fait entre nature et entreprises, le lien entre entreprises et biodiversité.
Un positive word pour conclure ?
Pour moi le positive word, celui que j’essaie de m’appliquer, c’est humilité. Pourquoi ? Parce que le biomimétisme c’est comprendre que l’être humain au travers finalement des révolutions industrielles, il s’est cru affranchi des règles du vivant et du reste des organismes vivants, sauf que ça nous mène à l’impasse. Si désormais on a l’humilité de prendre le temps d’observer, d’écouter la nature pour son ingéniosité et son savoir-faire, ça nous permettra justement de se reconnecter peu à peu au reste de la biodiversité de façon plus générale. Évidemment, l’humilité c’est aussi savoir se remettre en question, se remettre en cause, remettre en cause notre technologie, et savoir qu’on doit justement changer les choses. Je pense que ce mot d’humilité est très très fort, c’est mon positive word.