Mary-Lou Mauricio – Photographe initiatrice de « BORN IN… PPM », réalisatrice de portraits et reportages engagés
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Dans la série « Nouveaux récits et imaginaires collectifs » découvrez la Positive Interview de Mary-Lou Mauricio, créatrice du projet BORN IN… PPM. Ce projet est une manière d’alerter sur l’accélération du taux d’émission de CO2 dans l’atmosphère et d’utiliser la photographie comme vecteur de changements des imaginaires.
La photographie peut-elle contribuer à une prise de conscience ?
Je pense que la photographie a vraiment un rôle à jouer parce que justement, ça fait partie des imaginaires. C’est-à-dire, que ça soit la publicité, mais aussi toutes les photos qu’on voit, ça contribue à nous nourrir dans notre vision de ce qu’on souhaite, de ce qu’on veut. Donc effectivement, l’image qui nous entoure, qui nous inonde tout le temps, tous les jours, effectivement elle a un énorme rôle à jouer pour nous montrer : un, une prise de conscience et deux, peut-être rendre des futurs désirables différents.
En quoi consiste BORN IN…PPM ?
Born in PPM, c’est une série photo où j’invite des individus de tous les horizons à poser avec le taux de concentration en CO² de leur année de naissance. C’est ça les PPM : « Parties Par Million », c’est la part de CO² qu’il y a dans notre atmosphère ; et ce taux est en train d’exploser, d’augmenter très fortement, parce que chaque année, les Hommes brûlent de plus en plus d’énergies fossiles, plus que ce que la nature est capable d’absorber, ce qui fait qu’aujourd’hui, on arrive à un taux très très élevé. Donc j’ai envie, grâce à cette série photo de démontrer cette croissance. Aussi, il y a autre chose qui me tient à cœur et il faut vraiment en parler : c’est l’injustice climatique. Parce que, qu’on vive en France, au Ghana, au Japon ou aux Etats-Unis, on vit tous dans les mêmes PPM et donc aujourd’hui on est en train aussi d’imposer ce taux de concentration de CO² très élevé à des populations qui elles n’y ont pas du tout contribué.
Quelle influence a eu cette initiative ?
Cette série photo, je l’avais imaginée pour la diffuser durant la COP27 pour parler du climat, et elle a beaucoup plu donc j’ai eu la chance après d’être invitée sur des événements et aussi d’avoir beaucoup de particuliers qui m’ont approchée. Parce qu’en fait la spécificité, c’est que je demande à chacun de se positionner et de décider quelle posture, quel message ils ont envie de faire passer dans leur portrait. Donc aujourd’hui j’ai pris plus de 1500 portraits et parfois, il y a plusieurs personnes sur la photo donc je ne sais pas exactement combien, mais j’ai pris pas mal de personnes. Et après, il y a aussi tous les impacts par rapport au fait que ça démocratise cette notion ; donc par exemple, l’autre jour, il y a une femme qui m’a écrit « sur mon CV je ne voulais pas mettre mon âge, mais j’ai décidé de mettre Born in … PPM et ça m’a permis lors de l’entretien d’en parler et de dire que pour moi c’était très important la lutte contre le changement climatique » donc voilà un petit exemple d’un impact que j’ai eu indirectement.
Des projets à venir ?
Alors j’ai un projet en tête : tous ces portraits, j’aimerais les valoriser dans une exposition participative. Et ça serait très important pour moi que cela soit dans l’espace public, parce que je trouve que c’est vraiment un sujet : j’ai pris plein d’engagés et je sais qu’il y a plein de personnes qui sont à fond dans le sujet, mais il y en a d’autres qui sont complètement délaissés donc mon idée, ce serait vraiment de faire quelque chose de très visible dans l’espace public pour pouvoir en parler à un plus grand nombre.
J’ai un autre projet : pour Born in PPM, je ne prendrais pas l’avion, mais je sais qu’il y a plein de photographes talentueux dans le monde, donc mon idée ce serait de créer une sorte de licence ou en tout cas permettre à des photographes dans le monde entier de pouvoir continuer cette série photo pour vraiment constituer une sorte de série universelle donc c’est vraiment un des prochains projets : trouver des partenaires photographes qui feraient pareil ailleurs.
Un positive word pour conclure ?
Participatif ! Parce que je suis convaincue qu’on a tous un rôle à jouer.