Journalisme engagé : des solutions et de l’optimisme
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Jeudi 8 avril se tenait un webinaire organisé par Flavie Deprez, fondatrice et DG Carenews, sur les coulisses et ambitions du journalisme engagé et de solution. Durant plus d’une heure, ses deux invités Sylvia Amicone, Journaliste et animatrice @LCI / Impact positif et Valère Corréard, Auteur, producteur et journaliste @L’Info Durable / France Inter, sont revenus sur leur parcours respectif en tentant de répondre aux interrogations que ce type de journalisme soulève. En interrogeant ses deux invités, Flavie Deprez avait pour réel souhait de mettre en lumière le travail et les actions qui sont menées dans le domaine.
Journalisme engagé d’accord, mais quelle est la différence avec le journalisme dit « classique » ?
Pour les deux invités la réponse est claire : il s’agit de l’angle d’attaque. On ne montre plus simplement le problème, mais ce qui a été fait pour pallier celui-ci et l’impact que cela a. Qu’a-t-on par exemple fait pour régler un problème de société, un problème environnemental ? C’est un journalisme qui s’adresse directement au quotidien des gens, ce qui n’est pas toujours le cas dans le journalisme « classique » (faits divers, politique, économie…) et qui appelle au changement. Là est la singularité du journalisme de solution : on demande aux personnes de changer en les inspirant à travers l’éditorial.
Qu’est-ce qui pourrait rentrer dans le spectre de sujets et comment peut-on vérifier l’impact des solutions a posteriori ?
Selon Valère Corréard, le journalisme de solution est un journalisme qui demande du temps, car il faut comprendre le problème pour mettre en perspective la solution. Il faut être attentif, savoir si la solution répond à un problème à son échelle. Il peut parfois arriver de ne pas avoir les bons outils ou les bonnes connaissances sur certains sujets trop compliqués comme l’Énergie qui demandent une certaine expertise.
De son côté Sylvia Amicone s’intéresse aux projets qui ont eu le temps de mûrir sur quelques années, qui vont donner les clefs et enclencher le changement chez les auditeurs. Dans son podcast « Impact Positif », elle met en avant des personnes qui ont porté leur projet, qui l’ont pensé, mis en œuvre et qui ont eu un déclic. Un fil conducteur autour de la transmission et de l’impact précis qu’ont eu ces projets déjà très construits.
Et les mauvaises nouvelles dans tout ça ? Parce qu’on a choisi de mettre en valeur l’analyse de l’engagement et des solutions, doit-on passer outre ce qui va mal ?
Dans une rédaction, tout est une question d’équilibre. Les journalistes parlent d’un sujet qui dénonce un problème, qui constate et montre des solutions. Sur la forme, le journalisme de solution apporte une vision du monde « plus optimiste », il essaye de se tourner vers ce qui fonctionne, même si cela s’articule avec un problème. Sylvia Amicone souhaitait aussi montrer qu’au-delà de ce qui va mal, une autre voie existe où des personnes ont trouvé des solutions : il faut le montrer ! Cela permet de soulever la question du « qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » qui pousse les auditeurs à agir et faire leur part. C’est donc un cercle vertueux qui part du problème et du constat que ça ne va pas.
En tant que journaliste engagé, comment faire face au greenwashing ?
Le métier de journaliste, c’est avant tout de donner la parole dans un contexte d’échange à travers un éditeur professionnel. Selon Valère Corréard la parole engage, notamment dans le milieu des entreprises. Il faut donc donner du crédit à la parole. S’il y a greenwashing sur la parole il y aura un prix à payer mais c’est aussi le travail du journaliste : donner la parole sur ces sujets pour pousser l’impact positif.
C’est pour cela que de son côté Sylvia Amicone table sur la longueur, essaye de voir où en est le projet après les cinq années fatidiques et s’il tient ses engagements et impacts sur le long terme. « Aujourd’hui il faut faire très attention à ce que l’on raconte. Si on s’avance de trop et que 2-3 ans plus tard il n’y a rien derrière ça peut coûter cher à l’entreprise. »
En conclusion, le journalisme engagé est un journalisme positif qui n’a pas pour but de masquer le négatif, mais de partir d’un problème pour montrer ses solutions et inspirer les auditeurs/lecteurs/spectateurs et leur donner des outils pour s’engager à leur tour. Si l’on devait dégager l’un des grands enjeux de demain, cela serait sans doute de voir émerger des journalistes spécialisés non pas en environnement ou en écologie, mais plutôt sur les énergies durables, la mobilité et d’autres sujets spécifiquement liés à la transition écologique. Cela permettrait d’apporter plus d’expertise dans le métier et de continuer à construire une information solide et crédible sur ces sujets.
Intervenants :
Flavie Deprez – cofondatrice et DG @Carenews
Sylvia Amicone – Journaliste et animatrice @LCI / Impact positif
Valère Corréard – Auteur, producteur et journaliste @L’Info Durable / France Inter
Morgane Lidove
Assistante Communication, Newbiz et RSE – Carré Noir