Brice Compagnon – Fondateur du magazine WAD et de Casting Office
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Découvrez la Positive Interview de Brice Compagnon, Fondateur du magazine We Are Different (WAD) et de Casting Office.
Assistant de la Directrice de Casting Odile Sarron au magazine « ELLE », puis recruté par Oliviero Toscani pour la marque Benetton, il nous raconte son parcours dans la mode, avec une devise : Normaliser les différences.
Ton parcours en 3 phrases ?
Alors, ce ne sera pas en 3 phrases, mais ce sera en 4 dates. 1987, je commence en tant qu’assistant au casting avec Odile Sarron. 1993, je suis recruté par Oliviero Toscani pour m’occuper du casting et de la production des catalogues pour la marque Benetton, United Colors of Benetton. 1999, je créé, en collaboration avec mon associé, le magazine WAD, We Are Different. Et, en 2001, je créé en parallèle Casting Office, qui est une société de directeurs de casting.
La pub : est-ce que c’était mieux avant ?
Alors je vais dire que la pub était bien avant et elle est bien maintenant. C’est-à-dire que, avant, il y avait je pense beaucoup plus de liberté. Il y avait moins d’inquiétude par rapport au message qu’on voulait, je pense que la majorité des campagnes pour lesquelles j’ai travaillé avec Oliviero Toscani principalement, ne pourraient pas sortir maintenant. Politiquement incorrectes donc elles ne pourraient pas sortir. En revanche, je trouve que la pub est bien maintenant aussi, parce qu’il y a une plus grande représentativité des minorités, que ce soient des personnes effectivement en surpoids, en termes de diversité ethnique, il y a beaucoup plus de représentativité. Donc, je trouve que, voilà, ça se retrouve : c’était bien avant, c’est bien maintenant. Mais est-ce que c’était mieux avant ? Je ne sais pas.
Le street casting : efficace contre les stéréotypes ?
Les street-casting, tout dépend de l’axe qu’on donne au street-casting. Moi, j’ai une notion du street-casting, c’est trouver dans la rue ce qu’on ne trouve pas dans une agence de mannequins… à l’époque. Parce que maintenant les choses ont changé et les agences de mannequins se sont… voilà, par rapport aux demandes des créateurs, font beaucoup maintenant de, ce qu’on va dire, de stree-casting. Donc moi mon objectif était de trouver des tronches et trouver des belles normalités : il faut qu’on comprenne que ce ne sont pas des mannequins. Si c’est pour, quand on m’appelle pour faire un casting sauvage pour trouver des filles qui fassent 1,75 m minimum et qui rentrent dans du 34, je dis “non, vous cherchez des mannequins pas chers”. Ce qui n’est pas mon objectif. Moi, si je fais du casting sauvage, c’est vraiment pour montrer une différence, pour qu’il y ait parfois un choc, qu’il y ait ce qu’on appelle des “tronches” dans le bon sens du terme. Et oui, intrinsèquement, ça lutte contre les stéréotypes. On va sortir justement des stéréotypes du mannequin classique. Voilà.
Voit-on vraiment plus de diversité aujourd’hui ?
Alors, oui, mais en revanche moi j’ai un regard un petit peu particulier parce que dans mes castings, de par Benetton, il y a toujours eu de la diversité, c’était l’ADN de la marque. Donc moi j’ai toujours été habitué à ça. En revanche, il y a une évolution effectivement dans la publicité en général, moi je l’ai vue arriver, je ne vais pas dire que ça m’a amusé mais voilà, j’étais plutôt à l’aide avec ça. Mais effectivement maintenant, dans la pub en général, il y a plus de diversité et il y a des moments de bascule, comme par exemple l’élection de Barack Obama et Black Lives Matter. Ça a été deux moments, pour les personnes de couleur en tout cas, où j’ai vraiment vu un changement rapide et massif, et après ça se tasse. Mais c’est intéressant, parce que justement, après, ça rentre dans la norme.
Un positive word pour conclure ?
Alors, j’ai une citation déjà, qui a été pour moi une ligne de conduite, c’était Oliviero Toscani qui dit “les imbéciles ne voient la beauté que dans les choses belles”. Voilà donc les gens comprendront ce qu’ils veulent. Moi, ça m’a permis justement de dépasser le côté stéréotype des mannequins et de voir la beauté différemment. Et le petit positive word, ce serait justement “normaliser les différences”, voilà. C’est que tout d’un coup, maintenant, ce serait une normalité universelle.