Hugo Bluet – Chargé de Programme Finance Verte à WWF France
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Vous estimez que la nature fournit l’équivalent d’environ 125 000 milliards de dollars par an de services. Vous pouvez nous en dire plus ?
Oui, tout à fait. Alors ces 125 000 milliards de dollars par an, c’est un chiffre qui a été trouvé par un chercheur académique qui s’appelle Costanza, et qui a fait beaucoup de bruit dans le monde des ONG, parce que pour la première fois, on avait une estimation de la valeur des services écosystémiques rendus par la nature aux Hommes, aux entreprises et aux Etats. Cette valeur, les 125 000 milliards c’est une valeur qui pour l’instant n’est pas prise en compte dans les comptabilités des entreprises mais également nationales, comme le PIB et pourtant c’est des services sur lesquels les entreprises et les Etats s’appuient pour faire leur business.
Est-ce que les entreprises réagissent face à ce constat ?
Effectivement, les entreprises, et notamment les entreprises du secteur financier, ont un rôle primordial à jouer dans cette meilleure prise en compte des services écosystémiques rendus par la nature. Le système financier a mis du temps à s’en rendre compte, parce que vous le voyez, le système financier octroie des financements aux entreprises et donc a l’impression qu’il est concerné de manière indirecte par l’évolution de l’environnement. Or, en fait, ce lien est extrêmement direct. Il y a un lien de dépendance et d’impact des financements octroyés par les institutions financières aux entreprises qui les rend extrêmement vulnérables à la dégradation de la biosphère et aux pertes des services écosystémiques. Donc on voit de plus en plus à ce jour d’institutions financières qui commencent à se saisir du sujet et à s’interroger sur, à vrai dire, où suis-je exposé et comment est-ce que j’impacté l’environnement.
Aidez-vous les entreprises à prendre conscience du problème ?
Effectivement. Alors le WWF a trois missions principales. La première, c’est de protéger les espèces. La deuxième, c’est d’informer le grand public, les Etats et également les entreprises. Et le troisième, c’est d’agir avec les entreprises, les Etats et les particuliers pour transformer, changer les pratiques.
Comment accompagnez-vous le secteur financier vers la finance verte ?
En ce qui concerne le secteur financier, le WWF a développé des méthodologies qui permettent d’estimer le degré de réchauffement supplémentaire auquel une institution financière participe. Pour prendre un exemple, cela veut dire que pour une banque donnée, la banque vers laquelle vous et moi nous avons un compte courant et des livrets d’épargne, est en mesure maintenant de vous dire que cet argent finance des activités qui contribuent à un réchauffement de 4, 5, 6 degrés et cet indicateur est extrêmement précieux car il va donner aux institutions financières une boussole pour pouvoir naviguer et prendre des décisions d’investissement qui permettront d’investir dans le monde de demain.
Un positive word pour conclure ?
Alors, un mot pour conclure, que j’utilise assez souvent et qui est vraiment extrêmement important, c’est : Allez poser les questions à vos banquiers, à vos assureurs. Allez leur demander : « Au fait, mes économies, mon assurance-vie, mes livrets d’épargne, quel monde est-ce qu’ils financent ? Est-ce qu’ils financent un monde à 6 degrés, est-ce qu’ils sont responsables pour la dégradation de terres sèches en Afrique, est-ce qu’ils sont responsables pour des émissions de plastique dans l’océan ? » Toutes ces questions, les institutions financières qui ne sont pas, évidemment, les seules responsables, ont néanmoins des réponses à vous apporter. Et il est vraiment extrêmement utile et important que vous les posiez.