Aurélie Piet – Economiste, Auteure, Enseignante et Chercheuse

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Pourquoi notre société va mal ? 

Aujourd’hui nous vivons de multiples crises : crise environnementale, crise sanitaire, crise économique, crise sociale. Ces multiples crises, on parle de permacrises, sont le témoin finalement d’un monde qui va mal, que notre société va mal. Et l’origine commune de ces multiples crises, c’est finalement le modèle de société dans lequel nous sommes aujourd’hui : un modèle de société productiviste, dégénératif, qui abime la planète et met en danger le vivant. Alors, certes, le système capitaliste, productiviste, dans lequel on est nous a permis des avancées incroyables en termes de confort, en termes de progrès technologiques, mais pour autant ce monde n’a jamais été aussi fragile et aussi menacé. C’est la première fois de l’histoire que l’Homme est à l’origine d’une modification profonde de son environnement : épuisement des ressources, disparition des espèces, augmentation de la pollution, accroissement des inégalités, développement d’un certain nombre de maladies dites « maladies du siècle ». Donc, aujourd’hui, nous arrivons au bout d’un modèle, nous sommes en train de prendre conscience que nous arrivons aux limites d’un modèle et qu’il est temps d’en changer. Donc nous sommes en train de vivre la fin d’un monde, qui n’est pas la fin du monde et, parallèlement à ça, malheureusement, les médias entretiennent aussi une vision anxiogène et des perspectives d’avenir plutôt angoissantes qui contribuent à ce que cette société aussi se sente mal. 

Qui sont les Réenchanteurs ?

Les réenchanteurs sont des citoyens qui aspirent à un modèle de société alternatif à notre société d’hyperconsommation, ce sont des citoyens que l’on retrouve partout dans le monde et qui sont en train de faire bouger les lignes par des millions de révolutions tranquilles dans tous les domaines : dans le domaine de l’alimentation, de l’éducation, de la santé, des énergies… Ce sont des citoyens qui mettent au centre de leurs préoccupations l’Homme et l’environnement. Donc, en fait, ces réenchanteurs sont les acteurs du changement et ils représentent aujourd’hui deux milliards d’hommes et de femmes qui s’ignorent et qui sont en train de construire les bases d’une nouvelle société, soit une force colossale. 

Qu’est-ce que la croissance qualitative ?

La croissance qualitative, c’est finalement l’évolution à laquelle aspirent ces acteurs du changement. Cette croissance qualitative, c’est finalement le moteur de la société qu’ils sont en train de dessiner pour contrecarrer la croissance quantitative. Cette croissance qualitative porte un autre projet de société, qui est le bien-être du vivant, et l’idée étant de faire croître tout ce qui est bon pour le vivant et de faire décroître tout ce qui ne l’est pas. C’est-à-dire faire croître la qualité de l’eau, la qualité de l’air, la qualité de la terre par exemple, mais également de faire croître la santé, de faire croître l’éducation, la cuture et, parallèlement à ça, de faire décroître la pollution, les maladies, les inégalités. Et tout cela, évidemment, accompagné d’indicateurs qualitatifs associés. 

Et la Com dans tout ça ?

Alors qu’en-est-il de la communication dans tout cela ? La bonne nouvelle c’est qu’il y a un nouveau monde qui est en train d’émerger et la communication a un rôle stratégique à jouer là-dedans. Il faut savoir qu’elle peut être un levier majeur de transformation de la société, en portant précisément de nouveaux récits et en portant précisément ce nouveau modèle de société plus éthique, plus juste, plus respectueux du vivant. Elle doit donc se réinventer. 

Un positive word pour conclure ?

Le positive word : la confiance. En prenant conscience que face à un ancien monde qui s’effondre, et qui a finalement atteint ses limites, qui a eu son heure de gloire et dont nous avons pris conscience, eh bien est en train d’émerger un nouveau monde avec de nouvelles valeurs, de nouveaux outils, avec de nouvelles visions aussi, portées par des milliards de citoyens, qui aspirent précisément à ce nouveau modèle de société alternatif à notre société d’hyperconsommation. Et une conscience qui pourra être maintenue grâce aux actions menées par chacun d’entre nous, chacun à notre niveau, en essayant de faire bouger les lignes.