Marianne Tordeux – Director of Public Affairs France Digitale
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France Digitale c’est quoi ?
Nous France Digitale, on est une association de loi 1901 et on a été créée en 2012 à la suite de la Fronde des Pigeons. La Fronde des Pigeons, c’est un mouvement social qui a été initié par les entrepreneurs et les investisseurs dans les Start Up, à l’époque où le Président en place, qui était François Hollande, avait souhaité imposer les plus-values de césure des entrepreneurs à plus de 75%. En réaction, les entrepreneurs ont protesté, parce que pour eux c’était tuer l’entrepreneuriat français et inciter à une seule chose, l’installation des entrepreneurs hors de France. France Digitale est la seule association qui rassemble à la fois des entrepreneurs et des investisseurs. Et l’objectif justement en créant comme cela une association d’entrepreneurs et d’investisseurs, c’est de pouvoir défendre l’entrepreneuriat français et notamment par opposition aux GAFAM parce qu’aujourd’hui il y a pas mal de lobby qui se sont développés pour défendre des Microsoft, des Google et des Facebook etc, mais les start-ups françaises, qui sont plutôt des nouveaux entrants sur les différents marchés, elles sont représentées par personne et bien souvent, les parlementaires et hauts fonctionnaires, plus globalement tous les décideurs publics, quand ils prennent une décision pour contrer les GAFAM que ce soit sur les sujets de données ou sur les sujets de concurrence, ils ne se rendent pas compte que plus globalement ils peuvent faire du mal au secteur du numérique et donc notamment aux entreprises françaises.
Nous, France Digitale, on est un lobby, donc notre rôle c’est de représenter entrepreneurs et investisseurs. Notre mission a pas mal évolué au cours des dernières années entre 2012, la Fronde des Pigeons à aujourd’hui, on a quand même eu une vraie évolution sur le mode de compréhension des besoins numériques des entrepreneurs français et plus globalement sur le besoin d’accélérer la transition digitale des entreprises, je vois bien que moi qui suis ancienne avocate fiscaliste, mon boulot aujourd’hui ce n’est pas de me battre sur du “ b.a b-a” de comment faire en sorte qu’on ne casse pas une dynamique mais plutôt qu’est-ce qu’il reste à faire pour que la dynamique soit toujours aussi positive.
Quelles sont vos actions ?
Nos priorités en tant que lobby sont de plusieurs ordres mais il y a toujours des aspects de fiscalité même s’ils sont assez minimes mais aujourd’hui on est plus sûr de l’harmonisation européenne, c’est-à-dire qu’en France on est déjà assez en amont d’un certain nombre de sujets mais QUID l’Europe ? Par exemple, inciter les pays européens à avoir des dispositifs d’actionnariat salarié facilitant la création d’entreprises et le partage de la valeur avec les salariés. C’est un truc qu’on a en France, c’est les BSPCE, mais maintenant il n’y a pas la même chose en Allemagne et dans d’autres pays européens or c’est cela qui fait qu’on attire des talents vers des petites boîtes vs des Google ou des Facebook qui ont des packages de rémunération absolument dingue. Donc voilà, nous on a comme cela des petites victoires en fiscalité on a beaucoup aider les start-ups dans le cadre du COVID, pour adapter les dispositifs d’aide aux entreprises technologiques.
Si je prends l’exemple du PGE qui était le Prêt Garanti par l’Etat. Les entreprises françaises aujourd’hui ont beaucoup eu recours au PGE, c’était pouvoir aller voir sa banque et demander un emprunt, l’Etat garantissant cet emprunt, le truc c’est que par exemple une start-up aujourd’hui, elle n’a pas recours à l’emprunt et elle n’a pas de banques qui l’assure là-dessus parce qu’il y a trop de petites structures qui sont trop à risque. Là-dessus on a développé avec le gouvernement des programmes comme le French Tech Bridge et d’autres types de PGE adaptés à ces entreprises-là.
Comment accompagnez-vous vos clients ?
Au-delà d’être un lobby, c’est aussi un réseau. Parce qu’en fait on s’est rendu compte que notre valeur est ce dont ont besoin les entreprises innovantes en France, elles ont besoin de recrutement, elles ont besoin de pouvoir attirer à elle des talents, elles ont besoin de financements avec des levées de fonds comme on vient d’expliquer, elles n’ont pas recours aux banques et elles ont besoin de clients, des clients privés ou des clients publics. Pour cela, au sein de France Digitale, on rassemble des corporates, des agences de conseil, on regroupe des avocats, des décideurs publics, tout un tas de personnes qui gravitent autour des start-ups et des VC. Et le but étant de créer des synergies entre tous ces gens-là.
Nous au sein de France Digitale, on organise ce réseau en fonction des besoins respectifs de chacun et donc par exemple, là on vient de faire un événement annuel qui est notre événement annuel qui s’appelle le France Digitale Dév et dans cet événement-là on a fait des tracks organisés de rencontres start-ups – VC ainsi que des start-ups – Grands Groupes, de la rencontre aussi start-ups – avocats et start-ups – talents. Le but étant de créer et d’organiser le réseau en fonction des besoins respectifs de chacun. C’est ce que l’on fait soit en organisant nous-même dans le cadre d’événements clés soit tout simplement en créant des moments de rencontres où la rencontre se fait via du networking et donc un peu informel.
Le numérique accessible à tous ?
On a eu un grand moment d’accélération du numérique pendant le confinement mais qu’on a mis beaucoup de gens de côté, c’est 650 000 enfants qui n’ont pas eu recours à l’enseignement à distance, soit ils n’étaient pas équipés ou soit il n’y avait pas de réseau. On a 4 millions de français qui ont utilisé Doctolib pour faire de la télé consultation, mais il faut pour cela avoir soit le bon smartphone soit le bon ordinateur ou soit la connexion. Gros moment d’accélération numérique qui a aussi démontré qu’il y avait quand même toujours des besoins d’équipements soit de couverture réseau ou soit de formations. Les chiffres sur l’illettrisme numérique qu’on appelle l’illectronisme, ces chiffres-là sont des chiffres qui sont établis par l’Union Européenne et ils sont assez frappants entre l’Union Européenne et l’Insee on se rend compte qu’il y a un grand nombre soit d’entreprises et soit de personnes physiques qui sont dans l’incapacité d’écrire un mail, de comprendre ce genre de choses donc là-dessus il y a un gros besoin d’accélération.
Et plus globalement, on constate aussi que dans les écoles fonctionnent bien mais on constate qu’il y a des problèmes de programmes sur la formation soit aux outils soit à ce qu’est l’intelligence artificielle, ce que c’est le code, ce que c’est la block chain. Quand on n’a pas cette éducation-là dès le plus jeune âge, derrière on répercute des schémas de manque de diversité dans la tête ; cette diversité c’est évidemment femme-homme mais c’est aussi ethnique, catégorie socio-professionnelle. La tech ce n’est pas un monde de « geekos », bac+7 qui font que de l’IA et qui n’ont que ces compétences-là. Ce sont aussi des métiers de commerciaux, des métiers de graphisme, mais juste en bon français avec des soft skills qui permettent aux gens de comprendre ce que c’est le numérique.
Quel être votre rôle dans la formation ?
On a un rôle d’intermédiaire mais parfois acteur nous-même, par exemple on opère un programme qui s’appelle le programme Tremplin et ce programme-là est un programme qui forme à l’entrepreneuriat. Nous France Digitale, on est à la fois France Digitale et la French Tech Grand Paris parce qu’il y a des French Tech partout en France et en gros la French Tech c’est une émanation du gouvernement dans les territoires pour agir globalement sur l’écosystème entrepreneurial local.
Nous avons remporté l’appel d’offre pour la French Tech Grand Paris et en tant que French Tech Grand Paris, on opère ce programme Tremplin. Concrètement on vient de terminer la première promo, c’est un programme qui n’a formé pour l’instant que 36 personnes à l’entrepreneuriat mais le Tremplin 2.0 ça va être de la formation digitale pour former beaucoup plus de gens sur ce que veut dire d’être entrepreneur, les basics sur un business plan, comment est-ce qu’on monte une campagne marketing et plus globalement quand tu créés un produit, un service, qu’est-ce qu’il faut savoir, qui sont tes bons interlocuteurs, il y aura des stages en entreprise et on a des mentors de notre écosystème. Donc on est soit passe-plat intermédiaire, soit réel parti premier.
Et les technologies Françaises ?
L’un de nos principaux points de lobbying c’est notamment la commande publique. Tous nos députés ont utilisé des outils d’audition, juste avant j’étais en audition avec un député sur la data et justement la politique de la donnée et on a utilisé Teams. C’est dommage, il y a des outils qui existent et français, il y a Tixéo qui en plus de cela est labelisé ANSSI donc ça veut dire qu’on a des critères de cybersécurité qui sont extrêmement forts. On a Tixéo, on a Live Storm. Nous-mêmes avons utilisé pendant le confinement l’outil Live Storm pour faire pleins de webinar qu’on peut d’ailleurs enregistrer donc là-dessus c’est hyper précieux, rediffuser en appareillant une collecte de la data des utilisateurs qu’on peut réutiliser RGPD friendly évidemment. Des outils comme Klaxoon sont complètement dans le viseur aujourd’hui de la direction des achats de l’Etat. Là-dessus c’est en train de s’améliorer. Le but s’était la mise à niveau avec les outils américains ensuite il y a eu une facilité d’utilisation.
Par exemple il y a eu un retour que j’ai eu sur Tixéo qui n’était pas du fait de Tixéo mais plutôt du fait du Ministère de la Justice, c’est qu’au moment où ils ont voulu mettre en place les audiences en ligne, il s’est avéré qu’ils n’avaient juste pas assez pris de distance et ils étaient limités je crois à 4 ou 5 audiences en simultané. Evidemment qu’il faut prendre des distances plus importantes et adaptées aux flux mais voilà il y a eu un tel moment d’accélération qu’il n’y avait pas spécialement de DSI au sein des organisations publiques pour décider quels sont nos besoins et en face quelles sont les offres possibles. Je parlais hier avec un américain Oracle, on cherche souvent à avoir à la fois l’infra ou du cloud ou de la base de données sur notre PC à l’application. Et aujourd’hui, il se trouve qu’on a des super boîtes d’infra françaises, je pense à Scaleway qui fait du cloud et en plus de cela du cloud carbon neutral enfin que ce soit en termes d’écologie et qui s’est développé en France car les data centers se sont développés en France, là-dessus on coche pas mal de cases.
Et un Klaxoon qui est une boite qui est basée à Rennes qui fait que de l’applicatif et qui permet d’organiser des réunions franchement c’est comme l’équivalent de Teams mais voilà. Le seul sujet c’est que Klaxoon n’a pas le drive et donc du coup parfois on veut toute la chaine de valeur, même nous France Digitale on fonctionne sur Google Meet. Je pense qu’il faut qu’on prenne des réflexes et nous un réflexe qui va être opposé par la direction des Achats des groupes français ou de l’Etat, c’est l’interopérabilité.